L'ATELIER DU PEINTRE
Notre groupe avançait sur le sentier balisé jaune et rouge. Nous étions partis de la gare de Saint-Cloud dans la matinée avec nos sacs à dos et nos chaussures de randonnée dans un joyeux tintamarre. Pensez donc ! Une vingtaine de randonneurs, je devrais dire de randonneuses, car hormis notre guide nous étions toutes des femmes. Ça jacassait, rigolait.
Le parc de St Cloud et sa forêt sous un soleil printanier resplendissaient de lumière. La rosée matinale mouillait nos souliers et les jambes de celles qui étaient en shorts. La température réchauffait les bois et nos corps d’une tiède chaleur. L’après-midi promettait d’être chaud. Je ne croyais pas si bien dire, mais pouvais-je savoir ?
J’étais vêtu d’un pantalon court qui laissait nues mes longues jambes fines et galbées. Elles ne laissaient indifférent aucun des passants, et ils étaient nombreux ce dimanche dans le parc. Le haut du corps recouvert d’un maillot à l’effigie de notre association moulait ma poitrine généreuse. La quarantaine montrait son nez, mais je restais encore très avenante. Notre guide, le seul homme du groupe, me lorgnait et restait le plus souvent près de moi. Je m’amusais à voir son visage dont les joues s’empourpraient lorsqu’il regardait mes seins qui ballottaient sous le tissu léger. Les pointes de mes mamelons semblaient vouloir percer le tissu et mes aréoles dessinaient leurs cercles, cela captivait son regard. Mes jambes lisses et douces aux cuisses fermes l’excitaient. Je sentais son désir et devinais ses mains avides de saisir mes seins, sa bouche assoiffée de la mienne et son sexe qui devait se raidir.
Vers midi nous sortîmes du parc par la porte Blanche. Notre accompagnateur nous proposa de nous arrêter pour manger. Nous étions dans la commune de Marnes la Coquette. Ce petit village ressemble à un bourg de province. Un bourg privilégié à en voir les bâtisses et les espaces verts. C’est dans cet endroit que vécut et mourut Pasteur. Un chemin conduit à un musée qui commémore une partie de la vie du grand homme. Nous posâmes nos sacs à l’ombre de grands arbres et sortîmes nos pique-niques. Plusieurs personnes avaient apporté des bouteilles de vin et notre animateur l’apéritif. Le repas promettait une bonne ambiance. Je dégustai l’apéritif, un vin blanc doux des Bords de Loire. Mes joues s’enflammèrent d’une intense chaleur lorsque je bus le nectar. Nous mangeâmes de bonne humeur et dans le partage. Comme j’avais préparé deux sandwichs et quelques fruits, je terminai la première mon repas. Je décidai de faire un tour dans la rue principale.
- On part dans quarante-cinq minutes. Rendez-vous ici, nous informa notre guide tout en caressant de ses yeux et mes jambes et ma poitrine.
Il n’avait pas fini de manger, sinon il se serait joint à mes pas peut-être pour me déclarer sa flamme. J’attendais ce jour depuis longtemps, car moi aussi j’étais amoureuse de lui. Je lui adressai mon plus beau sourire en le quittant. J’avais le fol espoir que cette œillade l’inviterait à me rejoindre un peu plus loin.
Je déambulai lascive sous le soleil qui réchauffait mon corps en le caressant comme un amant qui réveille la volupté. J’observai l’ancienne poste dont on avait conservé l’appellation : Poste, Télégraphe, Téléphone. Des maisons de caractères, une jolie mairie captèrent mes yeux. De grandes propriétés privées dont un joli château complétait le tableau. Tout à côté du château, un ancien atelier de peintre arborait ses grandes baies. Tout d’abord, je crus qu’il s’agissait d’un ancien atelier qui peut-être avait connu un artiste célèbre. Mais en m’approchant, je vis que l’atelier était toujours en fonction. Sa porte entrebâillée incitait à entrer.
J’hésitai, car j’espérai la venue de l’accompagnateur. Au bout de quelque temps, un peu dépitée, je me décidai.
Je poussai la porte et pénétrai dans l’atelier. Je reçus en plein nez des odeurs auxquelles je ne pus donner un nom. La pièce grande, longitudinale baignait dans la lumière grâce aux larges baies qui perçaient les murs à l’entrée. Au milieu un grand établit sur lequel s’entreposaient un tas de choses hétéroclites. J’aperçus des tubes de couleurs la plupart ayant servi, des couteaux de différentes formes, des chiffons sales, des bouteilles de white spirit… bref cela ressemblaient à un capharnaüm. Contre l’un des murs, un évier sale dont le robinet laissait un filet d’eau s’enfuir. J’avançai. Sur les murs latéraux et celui du fond, un grand nombre de toiles suspendues attirèrent mon attention. Tout d’abord je ne vis pas la peinture elle-même. Je me rapprochai et tressaillis de surprise. Mes joues s’empourprèrent un peu. Ma poitrine se gonfla sous une respiration qui devenait forte. Je dois le dire, ce que je vis m’offusqua. Pourtant je ne suis pas bégueule, encore moins puritaine, mais là tout de même ! Au premier abord les peintures me choquèrent puis petit à petit, en me rapprochant, le côté purement artistique retint toute mon attention. Au bout de quelques minutes, je l’avoue, mes sentiments devenaient confus. Je sentis monter en moi ce mélange de rejet et d’attirance : la morale et l’envie s’entrechoquaient. La chaleur qui envahissait mon corps n’avait plus rien à voir avec celle de l’extérieur. Mes joues rougissaient devant les peintures. Une étrange et douce volupté gagna tout mon corps. Peut-être une telle sensation vous est déjà arrivée. Tout se bouscule dans la tête : le bien et le mal, le beau et le laid, la morale répressive et l’envie libertine… je vivais une dualité entre des désirs refoulés, réprimés et ma vision très conformiste du sexe. Je posais mon regard sur les tableaux et je découvrais un autre monde pourtant si proche. Mon éthique rejetait la nature même de la peinture, mais mon corps ressentait une attirance…
Sur le mur de droite une dizaine de toiles montrait des fesses, des fesses de femmes : des rondes, des bombées, des charnues, des roses, des courbes évocatrices, des dodues, des lisses… sur le mur d’en face s’affichaient des toiles de sexes de femmes aux vulves fermées et ouvertes, certaines aux touffes rasées ou buissonneuses. Sur le mur de gauche là aussi une douzaine de tableaux offrait des seins de formes différentes : des gros, des petits, certains dressées ou affaissées, aux pointes érigées, aux aréoles plus ou moins marquées, des blancs laiteux, des blancs halés, des noirs, des tatoués.
Subjuguée par la nature de ces toiles je m’interrogeai quant à l’attitude du peintre. Pourtant et malgré ma première attitude de rejet, quelque chose me laissait rêveuse. Les toiles joliment peintes ne pouvaient être l’œuvre que d’un artiste de grand talent. En regardant de plus près, je discernai le signe d’une recherche, d’une finition, d’une réalité, le souci du moindre détail.
J’essayai de reconstituer à qui appartenait les représentations pour imaginer l’anatomie entière de la fille qui posait nue pour le peintre. J’imaginai son corps soumis aux désirs érotiques de l’artiste. Je l’entrevis jambes écartelées offrant son sexe au pinceau qui allait l’immortaliser ou montrant ses fesses et ses seins aux yeux du peintre qui mesurait, soupesait le détail évocateur des lèvres ouvertes, celui d’une toison rousse, le contour d’un mamelon…
Comment de telles poses suggestives pouvaient devenir aussi naturelles sur la toile ? Je me posais toutes sortes de questions tandis que mon émoi grandissait, que la chaleur intérieure de mon corps me suffoquait. Je dois le dire ma sensualité semblait galvanisée par les tableaux que je dévorai du regard. Les pointes de mes seins se dessinèrent sur mon maillot au tissu léger et translucide. D’une main je les caressai. Dans l’entre-jambes, ma vulve aussi travaillait. Je mis une main sur mon sexe et je sentis le désir s’entrouvrir…
- Vous aimez ? me demanda soudain une voix gutturale venue de derrière moi.
Je sursautai rouge cramoisie de confusion. Je n’avais pas entendu l’homme. Je me retournai. Je restai abasourdie, stupéfaite.
Le peintre était là, à quelques centimètres. Il soutenait de sa main gauche une palette pleine de couleur. Sa main droite tenait un ciseau. Il arborait des cheveux longs qui tombaient en désordre sur ses épaules et son dos. L’homme, hormis des baskets, était nu, entièrement nu et son sexe en érection semblait attendre, comme une main tendue, qu’on le saisisse !
N’étant pas née de la dernière pluie, j’en avais vu des hommes et de toutes les couleurs si j’ose dire, mais là je ne m’y attendais pas. J’étais confuse, gênée.
- On ne peut peindre les trésors de ces dames qu’en leur montrant le sien, me dit-il comme s’il lisait dans mes pensées, cela les rend plus naturelles, plus lascives, plus suggestives. Regardez ce tableau dont le sexe ouvert semble un appel à la pénétration, il fallait déclencher l’envie pour le peindre.
L’homme me montrait la toile, m’expliquait les couleurs qu’il avait choisies. Il me raconta de quelle façon son modèle assis sur un fauteuil ouvrit ses jambes afin de montrer son anatomie. Mon cœur s’emballait, mes mains devenaient moites, mes yeux allaient, dans un va-et-vient, des toiles au phallus du peintre. Il se rapprocha de moi. Instinctivement ma main se leva et se posa sur le membre dressé. La douceur de la verge érigée dans ma main me procura une jouissance. Je caressai doucement la verge. Mes doigts effleurèrent ses testicules que je tâtai, massai, chatouillai.
Lorsque je sortis de l’atelier, laissant l’artiste et son sexe apaisé, la chaleur du soleil me sauta au visage. Je repris le chemin inverse pour rejoindre le groupe qui m’attendait.
- Ça va ? me demanda le guide en matant mon corps de bas en haut.
- Oui, lui répondis-je. J’ai passé un bon moment.
Ce n’était pas un vain mot et je me promettais de revenir à Marne la Coquette pour revoir cet atelier et son peintre. Mais la prochaine fois, je viendrai seule et je poserai pour l’artiste.
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