ECRITURES

ECRITURES

DÉROUTE

La Loire qui coule à mes pieds crottés

Quelque part près des Ponts de Cé

Transporte un peu de ma mémoire

Charrie un peu de mon histoire.

S'enfonce dans les sables mouvants

Mon destin de poète déclinant

Le long du cours, je clame mes rimes

Personne n'entend ce que j'exprime

Ici comme ailleurs on écoute pas les fous

Même en Anjou !

Surtout lorsqu'ils sont trouvères

Alors je ramasse mes pauvres vers

Que j'enferme entre les pages

D'un carnet devenu cage

Semblable à une prison

Aux épais murs de gris béton.

Le fleuve file son tortueux chemin

Sans se préoccuper de mes alexandrins

Des oiseaux crient plus fort que moi

Comme pour mieux couvrir ma voix !

L'un d'eux vient de me chier sur la tête

Le renégat de volatile, la sale bête.

La Loire insensible poursuit sa route

S'insinue dans mon esprit le doute

Une mouette me survole et rigole

Rien ne va plus, je dégringole

Un chien me pisse dessus

Me voilà interpellant Jésus

Je tombe bien bas

Et rencontre Judas

Bizarre, ils se ressemblent tous deux

Miroir déformant, sauve-qui-peut

Iscariote va aux chiottes

Tandis que Jésus me chuchote

« Laisse tomber tes vers et ta poésie

Sauf s'ils proclament l'anarchie

Lèves la tête et regardes-moi

J'en ai ras le bol d'être sur cette croix

Deux mille ans de calvaire

Et ces millions de faux-frères

Qui défilent sous ma nudité offerte aux regards

Pas toujours très sains, ça me donne le cafard

Non ! Mon gars, tire-toi de cet enfer

Qu'est la poétique, l'alexandrin et les vers »

J'ai suivi les conseils du camarade Fils de l'homme

J'ai fuit. Tous les chemins mènent à Rome

Et je me suis retrouvé dans la capitale

C'était un soir de Bacchanales

Au bistrot des joyeux drilles

Vers la place de la Bastille

A chaque poème déclamé devant les spectateurs

Un verre de gros rouge pour apaiser le rimeur

Alors j'ai récité encore et encore

Jusqu'à plus soif, jusqu'à l'aurore

Au petit matin, rond comme un polonais

Sur le trottoir, titubant, pas très frais

J'ai pris un billet sans retour

Pour mon ultime parcours

A fond la caisse, le T.G.V filait sa  route

Direction: station terminus: déroute.

 

 

 

 



13/06/2008
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