ECRITURES

ECRITURES

MOTS CROISES

 

J’étais installé à ma place réservée du T.G.V., côté fenêtre. Je prends toujours, lorsque cela est possible, une réservation près de la baie vitrée. J’adore regarder les paysages qui défilent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire et malgré la vitesse du train, le voyageur a le temps d’admirer à travers le double vitrage sécurité, la vue qui s’offre à son regard. C’est aussi l’emplacement idéal, la fenêtre, pour ne pas être dérangé et pour avoir les yeux occupés à observer pas forcément la personne assise sur le siège attenant au votre, ou à lorgner le titre du livre qu’elle lit, ou les images de la revue qu’elle a grand ouverte sur ses genoux. La fenêtre, dans un train, nous permet d’éviter  les autres, de vous isoler, de rêver, d’être à l’extérieur.

La canicule inondait d’une chaleur suffocante la ville. Le train, malgré la climatisation, était particulièrement chaud. La plupart des voyageurs en tenue légère suffoquaient dans l’air moite. Je m’étais habillé d’une chemisette et d’un short.

La rame était encore à quai en gare de Paris Montparnasse. Dans quelques minutes, elle s’ébranlerait pour la destination de Nantes. J’avais sorti de mon sac à dos une revue de mots croisés et je commençais à remplir les cases lorsqu’elle est arrivée.

Ce fut l’effluve exhalé par son corps qui chatouilla mes narines, puis une revue qui chuta sur le fauteuil d’à côté. La désinvolture de la personne que je pressentais me laissait penser que j’aurai comme voisine le genre m’as-tu-vu ou la dame d’âge mûr voulant imposer sa présence. Bref une emmerdeuse qui pousserait mon coude afin d’occuper le repose-bras séparant les deux places. Une vieille pie, institutrice à la retraite, qui me ferait la leçon. J’ai le don d’être placé à côté de ces personnes. Je dois les attirer. Quelque chose en moi leur donne envie de s’asseoir et de m’observer de biais et de se mêler de ma façon d’être, de mes lectures… les enseignants, surtout les enseignantes, ont le don de faire comprendre leur profession. Quand l’un d’entres eux s’assoit près de moi, c’est comme si je l’entendais dire : bon, aujourd’hui on va faire une leçon de grammaire, prenez votre livre page tant ! J’ai toujours été poursuivi par cette profession. Peut-être qu’ils subodorent que j’ai été un mauvais élève ? Je relevai la tête.

Mais lorsque mes yeux réprobateurs se posèrent sur l’inconnue, je restai bouche bée. En guise de vieille pie, et j’en remerciai le hasard, j’avais pour  voisine de trajet une pimpante demoiselle toute souriante et qui, derrière ses lunettes de myope, m’offrait ses yeux rieurs, coquins.

Vêtue d’une mini-jupe qui montrait deux magnifiques jambes galbées, d’un chemisier bleu dont l’échancrure laissait voir une gorge vers laquelle mes yeux plongèrent. Ses cheveux, auburn, encadraient un très joli visage.

Je lui donnai mon plus beau sourire. J’enlevais mon bras de l’accoudoir pour qu’elle puisse avoir plus de place et je ramassai dare-dare mes mots croisés.

Elle s’assit. Sa jupe très courte semblait rétrécir un peu plus à chaque fois qu’elle remuait. Ses cuisses superbes, blanches et lisses captaient mon regard.

-          Vous permettez que je relève l’accoudoir ? me demanda-t-elle, nous serons plus à l’aise.

À peine avais-je acquiescé qu’elle leva le repose-bras qui séparait nos deux places.

La chaleur de sa cuisse contre la mienne me fit un choc. Elle me souriait. Je ne pouvais m’empêcher de plonger mes yeux vers son décolleté qui cachait tout juste des seins fermes. Mes yeux se fermèrent et je me mis à rêver d’îles…

-          Je me prénomme Isabelle et vous ?

Sa question me fit revenir sur terre. Je lui donnai mon prénom tout heureux de la conversation à venir. Mes yeux n’arrêtaient pas de descendre vers ses cuisses et de remonter vers son corsage. Je suffoquai. Mon sexe faisait des siennes et je le sentais se gonfler. Son parfum me troublait.

-          Je peux faire avec vous les mots croisés me dit-elle en se serrant et se penchant un peu plus sur moi.

Ses cheveux caressaient ma joue. Son bras touchait le mien. Sa main frôla ma main qui tenait le magazine de jeux. Mes yeux se dessillèrent et plongèrent plus profondément dans son corsage qui s’ouvrait. J’avais chaud. Son corps brûlait et consumait le mien. Tous mes sens étaient en alerte. Je répondis oui à sa demande au moment même ou le train démarrait. Je bafouillai incapable de trouver le mot correspondant à la définition demandée.

-          Voyons voir murmura-t-elle à mon oreille : ensemble des organes génitaux extérieurs chez les mammifères et la femme !

-          Vous connaissez me demanda l’ingénue d’une voix envoutante.

Je balbutiai, rougissant, m’empêtrant dans la solution à sa demande.

Ses yeux pers m’interrogeaient derrière les grosses lentilles.

-          Le sexe peut-être dis-je, conscient de mon trouble et de ma face cramoisie.j’étais confus, j’avais le mot à la bouche, mais je n’osais le dire. Je fermais les yeux pour me reprendre et reprendre mes esprits. Je luttais pour que ma verge dressée ne déverse l’averse que je sentais venir.

-          Oh ! mais mon cher Jean Paul, le sexe est commun aux hommes comme aux femmes, ce n’est pas le terme demandé.

-          Je vais te donner quelques indications : par exemple tu descends vers le delta de l’entre-jambes après avoir frôlé de ta main douce le champ de blé puis ayant quitté le mont de Vénus tes doigts, mon cher Jean Paul, tâtent le clitoris, titillent les petites lèvres avant de pénétrer la porte du bonheur.

Vous les hommes appeler cette partie une moule. Vous aimez bien  ce coquillage que votre langue humidifiée et avide lèche et suce comme un bonbon.

Quelquefois vous le nommez chatte.

Alors tu donnes ta langue à la chatte ?

Je défaillais. J’avais une envie folle de me jeter sur elle, caresser ses cuisses, mordre ses seins. Mes mains s’agitaient. Je rêvais.

-          Tu es fatigué ?

-          Non ! je réfléchissais pour trouver le mot.

-          Ah ! ce n’est pourtant pas difficile. Tu dois connaître l’anatomie des femmes  et leur sexe.

Son aisance à parler de sexe comme si elle parlait de la pluie et du beau temps  accentua mon trouble. Je regardai du coin de l’œil les voyageurs voisins. Un jeune dormait. Un couple écoutait de la musique sur un baladeur, une autre personne lisait un roman. Personne ne prêtait attention à nous.

Elle prit mon stylo de ma main. La caresse de ses doigts sur ma main électrisa mon corps. Une vague secoua celui-ci. Mon vit monta au zénith.

Sa main lentement retomba sur mon ventre et frôla mon phallus. Elle ne pouvait plus ignorer mon trouble.

-          Ha ha ! dit-elle en rigolant, parler du sexe des femmes met en émoi le tien.

J’étais à deux doigts de m’épancher. La situation devenait difficile. Je m’efforçai au calme.

Je réussis à maitriser mes sens. C’est à ce moment que sa cuisse vint frôler la mienne et que sa main retomba sur mon sexe. La chaleur de son corps incendia le mien.

-          Tu vois le sexe de l’homme est composé d’une verge et de deux testicules. Lorsque la verge est au paroxysme, les deux bourses ne font qu’une, mais pour la femme le sexe se compose d’un bouton d’or, de deux lèvres et d’une fente que le vit pénètre afin de déclencher la boite à musique. Cela se nomme la vulve !

Regardes le mot va parfaitement dans les cases horizontales et le V correspond une des lettres du mot vertical.

On va passer au mot suivant.

J’étais dans un état second. Je combattais la montée de la sève qui cherchait la sortie. Elle état penché sur moi. Ses seins jaillissaient du chemisier. Les aréoles dessinaient les contours d’atolls dont je devenais les îles. Son parfum m’enveloppait d’un effluve enivrant. Mes mains devenaient baladeuses. L’une sournoisement glissait sur la douceur veloutée d’une cuisse et l’autre tentait un chemin derrière son dos. Elle s’étira, dévoilant un peu plus ses cuisses. La mini-jupe remonta et mon regard extasié plongea vers l’ouverture cachée par un slip rose. Mon short prenait la forme d’une tente dressée par une armature. Je ne pouvais plus cacher l’état de mon envie.

J’espérais qu’elle se saisisse de ma verge. J’étais prêt à perdre toute pudeur. Ma main posée sur sa cuisse lentement caressa la peau et remonta vers l’entrée sous le pont des ses jambes. Un doigt se posa sur la culotte et je sentis le désir qui s’ouvrait sous l’effleurement.

Elle n’était pas inactive et sa main empoignait ma turgescence avec tendresse et délicatesse. Des doigts de fée s’introduisirent sous le short qu’elle venait de déboutonner puis glissèrent sous le slip. Entourant le membre en feu, sa main s’empara de mes testicules puis du gland.

J’étais à deux doigts de fondre et de projeter mon foutre hors…. Quand, soudain, une voix d’homme interrompit le charme.

Le contrôleur informait les voyageurs de notre arrivée en gare d’Angers. C’était là que je descendais.

Les cheveux en bataille, une bosse au short, je quittais Isabelle confus et sur ma faim. Je pris mon sac en le tenant devant moi cachant ainsi l’objet de mon délire. Je laissai Isabelle qui continuait sur Nantes.

Le long du couloir du TGV, mon sperme s’épancha. Je tournais la tête vers Isabelle qui me souriait.

Je n’ai jamais revu la belle et les mots croisés sont devenus un peu ternes désormais.

 

 

 



02/05/2014
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 12 autres membres