ECRITURES

ECRITURES

VENGEANCE

 

Le  flic à l’accueil du commissariat de quartier, je me rappelais encore de sa réflexion : vu ton accoutrement, tu l’as cherché !

Je me souvenais de mon errance dans la ville. Seule une femme qui revenait chez elle ce soir-là avait pris conscience de mon état. Comprenant ma détresse et ce que je venais de subir, elle téléphona au SAMU.

L’hôpital m’accueillit. Les infirmières, le médecin de garde me soignèrent, me réconfortèrent. Je ne voulais pas rentrer chez ma mère et me retrouver face au monstre. Le médecin m’obtint une place dans un foyer. Le juge qui me reçut deux jours après refusa de me croire.

C’est dans ce foyer que naquit l’idée de vengeance.

 

L’idée de réparation m’obsédait, me tenait compagnie, donnait un sens à ma destinée. J’avais trente-cinq ans. Les années écoulées me  permirent de peaufiner le scénario. Dans l’appartement où je demeurais, j’avais aménagé une pièce spéciale. Je l’appelais : le salon des délices. Un matelas au sol, des nus aux murs, sur celui du fond, une paire de menottes scellée, affichaient le caractère dévolu de la pièce. Posé sur un meuble bas, dans un coin, un sabre de kendo. Il trônait au milieu de gadgets érotiques divers.

C’est dans cette pièce que je recevais mes conquêtes d’un soir, que je les faisais souffrir à la limite de la torture. Je m’entrainais pour le jour fatidique du châtiment.

Je connaissais le pouvoir que j’exerçais sur les hommes. J’en abusais. J’offrais à leurs envies ma poitrine dénudée. Leurs deux points virgule devenaient points d’interrogations qui se dressaient fièrement évaluant la suite à venir.

Depuis mon viol, aucun mâle n’avait pénétré mon vagin. L’idée même d’un sexe me pénétrant me révulsait. J’avais fermé ma porte d’entrée à toute intrusion. Je jouissais de leur mésaventure. J’adorais les voir se tortiller, les mains prisonnières. Je caressais leurs testicules, leurs verges. Ils se répandaient  sur leurs habits, alors je les délivrais et jetais leurs vêtements sur le palier. J’avais pris soin de vider leurs portefeuilles et de les photographier. Souillés, humiliés ils s’habillaient en hâte la peur au ventre : l’immeuble comportait de nombreux appartements. Ils ne revenaient plus jamais sur le lieu de leur déchéance.

 

Un jour le magistrat qui, lorsque j’avais quinze ans, ne m’avait pas crut, tomba dans ma toile. Je l’avais séduit dans une brasserie près du palais de justice. Il avait ses habitudes dans ce lieu. Il n’y vit que du feu !

Il fut choqué de voir l’installation. Bien vite il prit plaisir à se retrouver menotté à poil contre un mur. Mes mains œuvraient sur son torse, descendaient vers le phallus levé. J’empoignais ses boules et les retournaient violemment. Il brailla, projeta ses jambes en ultime défense. Mais les bracelets placés très haut ne permettaient pas d’utiliser les jambes qui devaient rester au sol pour maintenir le corps. Si les jambes ne touchaient plus le sol, alors les bras supportaient tout le poids et cela devenait atroce. J’avais tout prévu.

Je renouvelais l’exercice plusieurs fois. Il râla, les yeux exorbités. Il pleurait. Je riais. Il tomba dans les pommes. Je l’aspergeai d’un verre d’eau. Il suppliait. Il implorait. Il appela sa mère. La souffrance faisait de lui un petit enfant. Je récidivais.

-         Te souviens-tu de la jeune adolescente violée que tu as refusé de croire. À cette époque elle avait confiance en la justice. Tu as brisé sa confiance. Aujourd’hui l’injustice de ton mépris doit être sanctionnée. Je lui gratifiais un violent coup sur ses bijoux de famille.

Il tirait sur ses chaines de toutes ses forces. Ses yeux exorbités imploraient la clémence.

Je savourais de le voir souffrir. Tout son corps semblait pris de convulsions. Je le délivrais. Il s’écroula. Il rampa toujours pleurant.

Je lançais ses habits dans l’escalier. Titubant, les mains tenant son sexe qui lui faisait mal il parvint à se revêtir tant bien que mal. Sa souffrance devenait calvaire pour redescendre les marches. Il s’accrochait à la rampe comme un vieillard impotent.  J’avais fait ses poches et pris des photos.

Sa femme demanda et gagna le divorce. Les photos que je lui avais adressées étaient suffisantes. J’avais envoyé les doubles des prises de vues à ses collègues du Palais. Il devint la risée, sombra dans le ridicule. Quelques jours plus tard, il se suicida.

Première vengeance accomplie !

 

Je retrouvais le brigadier qui m’avait reçu la nuit du viol. Il travaillait toujours dans le même commissariat. Ce ne fut pas difficile de l’aguicher. Il approchait de la retraite. Pendant trois soirs, je déambulais dans sa rue. Il me croisa en rentrant chez lui. Je lui souriais. Il ne reconnut pas dans la femme qu’il croisait l’adolescente perdue qu’un jour il reçut au commissariat. Il finit par m’aborder. Je lui donnais rendez-vous.

Il était là, nu, contre le mur, menotté. Sa surprise fut grande. D’habitude c’est lui qui passait les pinces !

Son sexe dressé, je le pris dans une main et dégagea le gland. Son gland semblait vouloir s’échapper de la hampe. Tranquillement je lâchais la verge et lui tournais le dos pour m’enquérir de l’objet de ma vengeance.

Je ressaisis le phallus. L’autre main tenait une feuille de toile d’émeri numéro deux. Ses yeux exorbités criaient leur frayeur. J’avais demandé au vendeur de la bonne qualité. J’espérais ne pas être déçu. Je frottais la toile sur la peau tendue et fine du gland. Il poussa un terrible cri. Je continuais mon travail de ponçage malgré les hurlements et les soubresauts qui agissaient son corps.

Je lui expliquais mon viol et sa réception au commissariat, ses rires gras, ses regards, qu’il porta sur mon corps, ses commentaires sur mon habillement.

La feuille de papier de verre remontait des testicules au gland. À chaque passage la peau craquait, saignait, brûlait. Il tirait de toutes ses forces sur les liens qui l’entravaient. Ses jambes tremblaient sous la douleur. Je pris une toile numéro un. Il fallait terminer et affiner le travail commencé. Je recommençais. La toile émeri paraissait de bonne qualité. Un vrai plaisir que de travailler avec du bon matériel. Elle râpait la peau. J’enveloppais les bourses dans la toile et les essuyais avec cette dernière. Ses hurlements faisaient vibrer le mur que son corps semblait vouloir détruire à force de frapper violemment.

Ce fut une belle abrasion, du travail bien fait. Je remercierais le vendeur. Contente de moi j’ouvris les menottes après avoir jeté ses habits par la fenêtre ayant au préalable gardé son argent, sa carte de police et son pétard. Les yeux hagards il se précipita dans l’escalier tout en hurlant. Je regardais par la fenêtre. Je le vis dans la rue. Il courait. Il beuglait se tenant le bas-ventre devant des passants médusés. Il faillit se faire culbuter par un motocycliste.

J’appris, le lendemain, en lisant le journal qu’un homme nu et blessé, un brigadier de police,  avait été pris en charge par les pompiers et conduit aux urgences. Incapable de s’expliquer devant ses collègues, le brigadier comparut quelque temps après devant une commission de discipline pour être jugé. La perte de son arme et de sa carte étant considérée comme une faute professionnelle grave. Il fut révoqué à quelques mois de sa retraite. Sa raison ayant déficiente, on l’enferma dans un centre pour malade mental.

Deuxième vengeance accomplie.

 

Le monstre avait son quartier dans son bar favori à quelques pas de notre appartement, enfin celui de mon enfance. Quand je dis enfance le mot n’est pas juste. Je devrais dire une partie de ma vie d’enfant. Une partie terrifiante dans laquelle l’intrusion d’un autre que mon vrai père fit de ces années-là un calvaire tant pour moi que pour ma mère.

Je l’aperçus derrière la vitre, debout accoudé au zinc devant son apéritif. Le lendemain, je m’installai à une table et commandais un jus de fruit. Je connaissais ses horaires de poivrot. Il ne tardera plus. La porte s’ouvrit sur le monstre qui se dirigea vers sa place habituelle du bar. Le patron lui remplissait son verre. Il me regarda ou plutôt il regarda mes cuisses. Assise, ma jupe remontait offrant des cuisses galbées, épilées. Il plongea dans mon corsage. Il m’examina, mais ne me reconnut pas. Je lui avais tapé dans l’œil. Il prit son verre et se dirigea vers ma table.

-         Vous êtes nouvelle, Mademoiselle ?

-         De passage monsieur et vous ?

-         Moi je passe mon temps en espérant une belle rencontre.

Il dit cette phrase en posant lourdement son regard sur mon corps. Je lui souris. Il tomba dans le panneau. Il crut que j’étais une prostituée. Je lui donnais rendez-vous en lui murmurant mes pratiques avant de passer à l’acte.

Lorsqu’il se présenta à l’heure convenue, je lui offrais mon plus beau sourire en lui ouvrant la porte. J’étais totalement nue. Il en perdit toute contenance et se dévêtit prestement. Il n’eut aucune réticence à se faire entravé trop heureux des délices à venir. Je lui avais, au bar, susurrée de longues caresses sur son corps attaché, sur son phallus dilaté, sur ces testicules gonflés puis une fellation prolongée avant que son sperme ne gicle. Ensuite je te détacherais et nous ferions l’amour.

Il était devant moi, sexe en érection. C’était donc cet objet qui avait profané mon corps de jeune innocente. C’était ça qui m’avait fait saigner et hurler de douleur. C’était cet objet qui avait forcé mon vagin étroit avec violence. C’était cet objet qui avait déversé dans mon ventre une sève impure.

-         Alors tu dors !

Sa voix impérative et forte me secoua. Je sortis de mon rêve qui n’était qu’un cauchemar. Je le regardais fixement. Il ne me reconnaissait toujours pas.

-         Te souviens-tu de cette adolescente que tu as profanée devant sa mère impuissante et veule ?

Son vissage pâlit brusquement. Il se remémora, mais ne présenta aucun remords. Son sexe se dressa encore plus au souvenir de ce viol.

Je m’éloignai pour me saisir du sabre. Je pratique le kendo. Ce sabre je l’avais gagné lors d’une compétition. Je sortis l’arme du fourreau. Je revins vers le monstre. Il pâlissait à vue d’œil. Il comprenait. La peur changeait de camp. Il tremblait.

-         Non !

Je fis une démonstration de mes compétences. Le sabre fendait l’air à deux doigts de son visage. Le chant du sabre, ce souffle d’air que produit sa manipulation, le faisait tressauter. J’aimais entendre cette chanson. Son sexe, malgré tous ses efforts, ne débandait pas. Il tirait de toutes ses forces sur les chaines. En vain. Il appelait au secours. Il paniquait. Je posais le tranchant de l’arme sur sa verge mesurant l’endroit de la découpe à venir. Il hurla, tira sur les menottes à se faire saigner les poignets. Je plaçais le plat de la lame sur ses valseuses. Il brailla croyant que j’allais les lui couper. Non, je lui laisserais les deux pendentifs en souvenir du temps passé.

Le sable décria un cercle. Je poussais le cri du combattant ! Le sexe coupé net tomba.

Ses yeux étaient horrifiés. Deux secondes de silence puis un hurlement et le sang qui jaillit. Je ramassais le morceau et le mis à l’endroit convenu par avance. Je téléphonais. J’appelais les secours. Je ne voulais pas que le monstre meure. Je désirais qu’il survive, qu’il expie en tant qu’eunuque.

 

Lorsque le SAMU et la police arrivèrent, les yeux fous, il se vidait de son sang. Les médecins urgentistes firent le nécessaire et stoppèrent l’hémorragie puis administrèrent un calmant. L’un d’eux me demanda où était le bout de la verge coupée. Il espérait, peut-être qu’une greffe pouvait être envisagée. J’ouvris le micro-onde et leur montra l’objet. Il était grillé. Il ne pouvait plus servir. Un policier ramassa, avec dégout et appréhension, le morceau dans un sac plastique.

 

Le juge devant lequel je fus présenté paraissait pétrifié de mon parcours, de ma haine. Les policiers en perquisitionnant avaient retrouvé les photographies et le récit que j’avais, au préalable, écrit de mon agression sexuelle, de l’attitude du magistrat et du policier. Ce dossier je l’avais adressé à différents journaux avant mon acte. Le juge ne savait que faire. Il décida de me laisser en liberté provisoire jusqu’au procès.

Les relations faites par la presse écrite et les journaux télévisés eurent pour effet de mettre la population de mon côté. Trop de viols, de violences envers les femmes restaient impunis.

À mon procès, un an plus tard, je jury me condamna à cinq ans avec sursis. Le parquet ne fit pas appel.

 

 

 

Le  flic à l’accueil du commissariat de quartier, je me rappelais encore de sa réflexion : vu ton accoutrement, tu l’as cherché !

Je me souvenais de mon errance dans la ville. Seule une femme qui revenait chez elle ce soir-là avait pris conscience de mon état. Comprenant ma détresse et ce que je venais de subir, elle téléphona au SAMU.

L’hôpital m’accueillit. Les infirmières, le médecin de garde me soignèrent, me réconfortèrent. Je ne voulais pas rentrer chez ma mère et me retrouver face au monstre. Le médecin m’obtint une place dans un foyer. Le juge qui me reçut deux jours après refusa de me croire.

C’est dans ce foyer que naquit l’idée de vengeance.

 

L’idée de réparation m’obsédait, me tenait compagnie, donnait un sens à ma destinée. J’avais trente-cinq ans. Les années écoulées me  permirent de peaufiner le scénario. Dans l’appartement où je demeurais, j’avais aménagé une pièce spéciale. Je l’appelais : le salon des délices. Un matelas au sol, des nus aux murs, sur celui du fond, une paire de menottes scellée, affichaient le caractère dévolu de la pièce. Posé sur un meuble bas, dans un coin, un sabre de kendo. Il trônait au milieu de gadgets érotiques divers.

C’est dans cette pièce que je recevais mes conquêtes d’un soir, que je les faisais souffrir à la limite de la torture. Je m’entrainais pour le jour fatidique du châtiment.

Je connaissais le pouvoir que j’exerçais sur les hommes. J’en abusais. J’offrais à leurs envies ma poitrine dénudée. Leurs deux points virgule devenaient points d’interrogations qui se dressaient fièrement évaluant la suite à venir.

Depuis mon viol, aucun mâle n’avait pénétré mon vagin. L’idée même d’un sexe me pénétrant me révulsait. J’avais fermé ma porte d’entrée à toute intrusion. Je jouissais de leur mésaventure. J’adorais les voir se tortiller, les mains prisonnières. Je caressais leurs testicules, leurs verges. Ils se répandaient  sur leurs habits, alors je les délivrais et jetais leurs vêtements sur le palier. J’avais pris soin de vider leurs portefeuilles et de les photographier. Souillés, humiliés ils s’habillaient en hâte la peur au ventre : l’immeuble comportait de nombreux appartements. Ils ne revenaient plus jamais sur le lieu de leur déchéance.

 

Un jour le magistrat qui, lorsque j’avais quinze ans, ne m’avait pas crut, tomba dans ma toile. Je l’avais séduit dans une brasserie près du palais de justice. Il avait ses habitudes dans ce lieu. Il n’y vit que du feu !

Il fut choqué de voir l’installation. Bien vite il prit plaisir à se retrouver menotté à poil contre un mur. Mes mains œuvraient sur son torse, descendaient vers le phallus levé. J’empoignais ses boules et les retournaient violemment. Il brailla, projeta ses jambes en ultime défense. Mais les bracelets placés très haut ne permettaient pas d’utiliser les jambes qui devaient rester au sol pour maintenir le corps. Si les jambes ne touchaient plus le sol, alors les bras supportaient tout le poids et cela devenait atroce. J’avais tout prévu.

Je renouvelais l’exercice plusieurs fois. Il râla, les yeux exorbités. Il pleurait. Je riais. Il tomba dans les pommes. Je l’aspergeai d’un verre d’eau. Il suppliait. Il implorait. Il appela sa mère. La souffrance faisait de lui un petit enfant. Je récidivais.

-         Te souviens-tu de la jeune adolescente violée que tu as refusé de croire. À cette époque elle avait confiance en la justice. Tu as brisé sa confiance. Aujourd’hui l’injustice de ton mépris doit être sanctionnée. Je lui gratifiais un violent coup sur ses bijoux de famille.

Il tirait sur ses chaines de toutes ses forces. Ses yeux exorbités imploraient la clémence.

Je savourais de le voir souffrir. Tout son corps semblait pris de convulsions. Je le délivrais. Il s’écroula. Il rampa toujours pleurant.

Je lançais ses habits dans l’escalier. Titubant, les mains tenant son sexe qui lui faisait mal il parvint à se revêtir tant bien que mal. Sa souffrance devenait calvaire pour redescendre les marches. Il s’accrochait à la rampe comme un vieillard impotent.  J’avais fait ses poches et pris des photos.

Sa femme demanda et gagna le divorce. Les photos que je lui avais adressées étaient suffisantes. J’avais envoyé les doubles des prises de vues à ses collègues du Palais. Il devint la risée, sombra dans le ridicule. Quelques jours plus tard, il se suicida.

Première vengeance accomplie !

 

Je retrouvais le brigadier qui m’avait reçu la nuit du viol. Il travaillait toujours dans le même commissariat. Ce ne fut pas difficile de l’aguicher. Il approchait de la retraite. Pendant trois soirs, je déambulais dans sa rue. Il me croisa en rentrant chez lui. Je lui souriais. Il ne reconnut pas dans la femme qu’il croisait l’adolescente perdue qu’un jour il reçut au commissariat. Il finit par m’aborder. Je lui donnais rendez-vous.

Il était là, nu, contre le mur, menotté. Sa surprise fut grande. D’habitude c’est lui qui passait les pinces !

Son sexe dressé, je le pris dans une main et dégagea le gland. Son gland semblait vouloir s’échapper de la hampe. Tranquillement je lâchais la verge et lui tournais le dos pour m’enquérir de l’objet de ma vengeance.

Je ressaisis le phallus. L’autre main tenait une feuille de toile d’émeri numéro deux. Ses yeux exorbités criaient leur frayeur. J’avais demandé au vendeur de la bonne qualité. J’espérais ne pas être déçu. Je frottais la toile sur la peau tendue et fine du gland. Il poussa un terrible cri. Je continuais mon travail de ponçage malgré les hurlements et les soubresauts qui agissaient son corps.

Je lui expliquais mon viol et sa réception au commissariat, ses rires gras, ses regards, qu’il porta sur mon corps, ses commentaires sur mon habillement.

La feuille de papier de verre remontait des testicules au gland. À chaque passage la peau craquait, saignait, brûlait. Il tirait de toutes ses forces sur les liens qui l’entravaient. Ses jambes tremblaient sous la douleur. Je pris une toile numéro un. Il fallait terminer et affiner le travail commencé. Je recommençais. La toile émeri paraissait de bonne qualité. Un vrai plaisir que de travailler avec du bon matériel. Elle râpait la peau. J’enveloppais les bourses dans la toile et les essuyais avec cette dernière. Ses hurlements faisaient vibrer le mur que son corps semblait vouloir détruire à force de frapper violemment.

Ce fut une belle abrasion, du travail bien fait. Je remercierais le vendeur. Contente de moi j’ouvris les menottes après avoir jeté ses habits par la fenêtre ayant au préalable gardé son argent, sa carte de police et son pétard. Les yeux hagards il se précipita dans l’escalier tout en hurlant. Je regardais par la fenêtre. Je le vis dans la rue. Il courait. Il beuglait se tenant le bas-ventre devant des passants médusés. Il faillit se faire culbuter par un motocycliste.

J’appris, le lendemain, en lisant le journal qu’un homme nu et blessé, un brigadier de police,  avait été pris en charge par les pompiers et conduit aux urgences. Incapable de s’expliquer devant ses collègues, le brigadier comparut quelque temps après devant une commission de discipline pour être jugé. La perte de son arme et de sa carte étant considérée comme une faute professionnelle grave. Il fut révoqué à quelques mois de sa retraite. Sa raison ayant déficiente, on l’enferma dans un centre pour malade mental.

Deuxième vengeance accomplie.

 

Le monstre avait son quartier dans son bar favori à quelques pas de notre appartement, enfin celui de mon enfance. Quand je dis enfance le mot n’est pas juste. Je devrais dire une partie de ma vie d’enfant. Une partie terrifiante dans laquelle l’intrusion d’un autre que mon vrai père fit de ces années-là un calvaire tant pour moi que pour ma mère.

Je l’aperçus derrière la vitre, debout accoudé au zinc devant son apéritif. Le lendemain, je m’installai à une table et commandais un jus de fruit. Je connaissais ses horaires de poivrot. Il ne tardera plus. La porte s’ouvrit sur le monstre qui se dirigea vers sa place habituelle du bar. Le patron lui remplissait son verre. Il me regarda ou plutôt il regarda mes cuisses. Assise, ma jupe remontait offrant des cuisses galbées, épilées. Il plongea dans mon corsage. Il m’examina, mais ne me reconnut pas. Je lui avais tapé dans l’œil. Il prit son verre et se dirigea vers ma table.

-         Vous êtes nouvelle, Mademoiselle ?

-         De passage monsieur et vous ?

-         Moi je passe mon temps en espérant une belle rencontre.

Il dit cette phrase en posant lourdement son regard sur mon corps. Je lui souris. Il tomba dans le panneau. Il crut que j’étais une prostituée. Je lui donnais rendez-vous en lui murmurant mes pratiques avant de passer à l’acte.

Lorsqu’il se présenta à l’heure convenue, je lui offrais mon plus beau sourire en lui ouvrant la porte. J’étais totalement nue. Il en perdit toute contenance et se dévêtit prestement. Il n’eut aucune réticence à se faire entravé trop heureux des délices à venir. Je lui avais, au bar, susurrée de longues caresses sur son corps attaché, sur son phallus dilaté, sur ces testicules gonflés puis une fellation prolongée avant que son sperme ne gicle. Ensuite je te détacherais et nous ferions l’amour.

Il était devant moi, sexe en érection. C’était donc cet objet qui avait profané mon corps de jeune innocente. C’était ça qui m’avait fait saigner et hurler de douleur. C’était cet objet qui avait forcé mon vagin étroit avec violence. C’était cet objet qui avait déversé dans mon ventre une sève impure.

-         Alors tu dors !

Sa voix impérative et forte me secoua. Je sortis de mon rêve qui n’était qu’un cauchemar. Je le regardais fixement. Il ne me reconnaissait toujours pas.

-         Te souviens-tu de cette adolescente que tu as profanée devant sa mère impuissante et veule ?

Son vissage pâlit brusquement. Il se remémora, mais ne présenta aucun remords. Son sexe se dressa encore plus au souvenir de ce viol.

Je m’éloignai pour me saisir du sabre. Je pratique le kendo. Ce sabre je l’avais gagné lors d’une compétition. Je sortis l’arme du fourreau. Je revins vers le monstre. Il pâlissait à vue d’œil. Il comprenait. La peur changeait de camp. Il tremblait.

-         Non !

Je fis une démonstration de mes compétences. Le sabre fendait l’air à deux doigts de son visage. Le chant du sabre, ce souffle d’air que produit sa manipulation, le faisait tressauter. J’aimais entendre cette chanson. Son sexe, malgré tous ses efforts, ne débandait pas. Il tirait de toutes ses forces sur les chaines. En vain. Il appelait au secours. Il paniquait. Je posais le tranchant de l’arme sur sa verge mesurant l’endroit de la découpe à venir. Il hurla, tira sur les menottes à se faire saigner les poignets. Je plaçais le plat de la lame sur ses valseuses. Il brailla croyant que j’allais les lui couper. Non, je lui laisserais les deux pendentifs en souvenir du temps passé.

Le sable décria un cercle. Je poussais le cri du combattant ! Le sexe coupé net tomba.

Ses yeux étaient horrifiés. Deux secondes de silence puis un hurlement et le sang qui jaillit. Je ramassais le morceau et le mis à l’endroit convenu par avance. Je téléphonais. J’appelais les secours. Je ne voulais pas que le monstre meure. Je désirais qu’il survive, qu’il expie en tant qu’eunuque.

 

Lorsque le SAMU et la police arrivèrent, les yeux fous, il se vidait de son sang. Les médecins urgentistes firent le nécessaire et stoppèrent l’hémorragie puis administrèrent un calmant. L’un d’eux me demanda où était le bout de la verge coupée. Il espérait, peut-être qu’une greffe pouvait être envisagée. J’ouvris le micro-onde et leur montra l’objet. Il était grillé. Il ne pouvait plus servir. Un policier ramassa, avec dégout et appréhension, le morceau dans un sac plastique.

 

Le juge devant lequel je fus présenté paraissait pétrifié de mon parcours, de ma haine. Les policiers en perquisitionnant avaient retrouvé les photographies et le récit que j’avais, au préalable, écrit de mon agression sexuelle, de l’attitude du magistrat et du policier. Ce dossier je l’avais adressé à différents journaux avant mon acte. Le juge ne savait que faire. Il décida de me laisser en liberté provisoire jusqu’au procès.

Les relations faites par la presse écrite et les journaux télévisés eurent pour effet de mettre la population de mon côté. Trop de viols, de violences envers les femmes restaient impunis.

À mon procès, un an plus tard, je jury me condamna à cinq ans avec sursis. Le parquet ne fit pas appel.

 

 



30/03/2014
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